Actuellement, l’arbre urbain n’est pas géré correctement dans trop de villes belges. Il est planté, laissé à lui-même, souvent contraint dans une morphologie inadaptée… bref, tous les ingrédients qui mèneront dans un futur proche à son abattage prématuré avec un double gaspillage pour son achat et son enlèvement. Mais qui paie la facture ? Est-il nécessaire de rappeler qu’il s’agit encore une fois du contribuable ?

Cette méthode qui consiste à faire du « beau » rapidement avant des périodes politiquement clés s’appelle simplement une non-gestion. Cette dernière est la résultante non seulement d’un désintérêt total du monde politique pour cette matière (les arbres ne votent pas), d’une méconnaissance de la sylviculture, mais aussi d’une vision à long terme quasi inexistante.

Quand vous décidez d’adopter un chien, vous envisagez la race qui vous conviendra le mieux, la taille qui pourra s’adapter à votre logement, la vitalité qui vous correspondra le mieux… Vous vous renseignez sur les caractéristiques physiques mais aussi « sociales » de l’animal. Ainsi, si vous avez la soixantaine et que vous vivez en appartement, vous ne vous dirigerez pas vers un dogue allemand ou un saint-Bernard. Tout simplement parce que vous avez une vision à long terme. Il ne vous viendrait pas à l’esprit d’acheter tous les deux ans un chiot pour remplacer celui que vous aviez et qui serait devenu adulte ? Indépendamment de la morale, cela vous coûterait plus cher qu’un choix raisonné au départ. Il en va de même pour la gestion de l’arbre urbain.

Trop souvent, les arbres urbains, utilisés pour rendre temporairement un quartier agréable, sont plantés sans envisager le long terme. C’est pourquoi ils provoquent rapidement des nuisances aux riverains (feuilles, obscurité…) ; ce qui nécessite donc de procéder rapidement à des tailles drastiques ou à des abattages.

 Mais qui coupe ? Il n’y a aucun accès à la profession dans les métiers verts. Ce qui signifie que n’importe qui peut couper, sans aucune connaissance de la biologie de l’arbre, des dangers que peut représenter une mauvaise gestion… Avec un peu de courage, tout le monde peut arracher une dent. Préfèrerez-vous un professionnel qui gèrera l’extraction et vous prodiguera en plus les conseils pour la suite ou un simple passant dans la rue ? La question est assez provocatrice mais résume assez bien la situation dans les espaces verts.

A côté de ce « vite fait bien fait éphémère et coûteux, nous vous proposons d’établir un cadre d’actions prioritaires dans la gestion du patrimoine arboré urbain.

La gestion d’un patrimoine arboré doit être priorisée de cette manière :

1. Sécuriser : la sécurité publique est la priorité absolue, il n’est pas tolérable de prendre des risques avec la vie de nos concitoyens.

2. Envisager l’avenir : les nouvelles plantations doivent être envisagées dans une vision à long terme car sans  une attention particulière, elles seront irrémédiablement perdues. Ainsi, les opérations de défourchage, de suppression d’écorce incluse, de remontée progressive des couronnes sont indispensables à la réalisation d’un patrimoine arboré de qualité.

3. Conserver le contexte : les arbres architecturés (têtes de chats, rideaux, têtards…) nécessitent un entretien régulier.

4. Corriger les erreurs : il est possible de récupérer les arbres qui viennent de subir des tailles drastiques par 4 à 5 ans de sélections de rejets avec des arboristes.

5. Préserver : certains arbres ne nécessitent qu’une simple taille de contrainte pour continuer à se développer sans gêner.

6. Assumer les erreurs du passé : les arbres qui gênent, et pour lesquels il n’y a que la taille drastique pour les contenir avant de les abattre, seront perdus car ils ont été mal plantés ou la variété a été mal choisie.

7. Se projeter dans la gestion durable : les arbres devenus ingérables physiquement et/ou financièrement peuvent être remplacés par des variétés adaptées au lieu, moins onéreuses . Et si vous n’avez pas la place, il est toujours possible de végétaliser quelques façades.